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Tensions en Ituri : l’entrée brutale de l’armée ougandaise à Djugu suscite des réactions vives

L’entrée jugée brutale des troupes ougandaises de l’UPDF dans certaines barrières de l’Ituri continue de susciter des réactions indignées parmi les responsables politiques et la société civile locale. Plusieurs figures publiques dénoncent une atteinte à la souveraineté congolaise, malgré l’accord de mutualisation des forces signé entre Kinshasa et Kampala.

Parmi les voix qui s’élèvent, Jean-Pierre Bikilisende, député provincial élu du territoire de Djugu, a exprimé sa préoccupation face à l’ouverture forcée de ces barrières par l’UPDF. Lors d’une intervention sur les ondes de la Radio UNIBU, il a regretté une attitude qui, selon lui, donne l’impression que l’état congolais est affaibli en Ituri.

« Nous avons appris que la barrière a été cassée. Cela ne nous plaît pas, car nous sommes un pays souverain. Même s’il existe des accords entre nos deux nations, l’armée ougandaise ne peut pas agir comme si nous étions dans une situation de non-état », a-t-il déclaré.

Moïse Mufalme, acteur politique de l’Ituri, partage cette inquiétude et dénonce un manque de respect envers les services de sécurité congolais.

« Nous avons assisté à une entrée brutale de l’armée ougandaise à Fataki. Ils ont eux-mêmes détruit la barrière. Ce n’est pas de cette manière que la mutualisation des forces doit être appliquée », a-t-il dénoncé.

L’acteur politique Luc Malembe est allé plus loin en qualifiant l’attitude de l’UPDF de « sabotage » contre l’État congolais. Sur les ondes de Radio Okapi, il s’est interrogé sur le cadre réel de cet accord militaire.

« Personne ne comprend les contours de cet accord. Comment une armée étrangère peut-elle entrer de manière aussi brutale, comme si nous étions une terre conquise ? L’UPDF agit sans poser de questions, même la nuit », a-t-il fustigé.

Les autorités tentent de rassurer

Face aux inquiétudes croissantes, les autorités provinciales avaient précédemment affirmé que la présence de l’UPDF en Ituri relevait de la coopération militaire contre les groupes armés. Elles assurent que cette présence est encadrée par des accords signés à Kinshasa.

Toutefois, l’entrée musclée des troupes ougandaises à Fataki a provoqué une altercation avec les miliciens de la CODECO, exacerbant les tensions dans la région. Actuellement, la présence de l’UPDF est signalée dans le territoire de Mahagi, Djugu et dans la ville de Bunia.

Cette situation soulève des interrogations sur la gestion de la souveraineté nationale et le respect des engagements bilatéraux entre la RDC et l’Ouganda. Une communication plus claire des autorités congolaises semble désormais indispensable pour dissiper les doutes et éviter de nouvelles tensions sur le terrain.

Rachidi Kudra depuis Bunia

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