
Ituri sous état de siège : un gouvernement en quête de gloire ? une population en quête de paix
Sous le régime exceptionnel de l’état de siège, instauré pour ramener la paix dans la province de l’Ituri, le gouvernement militaire semble désormais plus préoccupé par son image que par la mission sécuritaire qui lui est confiée. Tandis que les groupes armés poursuivent leurs exactions, la communication du gouvernement provincial se veut étrangement triomphale… mais surtout flatteuse, souvent déconnectée de la réalité.
Plutôt que d’affronter les limites visibles de son action sécuritaire, le gouvernement militaire s’est progressivement réfugié derrière un discours de développement, largement financé par des subventions du gouvernement central. Dans cette nouvelle stratégie de communication, les médias nationaux sont soigneusement choisis comme relais, afin de séduire l’opinion publique au sommet de l’État et d’éloigner les critiques. Un choix qui en dit long sur la volonté de maquiller les échecs ?
Silence local, autosatisfaction nationale
Ironiquement, la plupart de ces messages ne sont quasiment jamais relayés dans les médias locaux, au cœur même de la province. Une omission qui témoigne d’un malaise profond : le pouvoir local sait que les ituriens, confrontés quotidiennement à l’insécurité, ne se laisseraient pas facilement berner par une communication qui enjolive les faits. La fracture entre discours et réalité est telle que l’information diffusée à Kinshasa devient un outil de conservation du pouvoir, au détriment de la transparence.
Où va l’argent de la province ?
À cette crise de confiance s’ajoute une gestion apparemment opaque des finances provinciales. Des voix s’élèvent, pour dénoncer le manque de clarté sur l’utilisation des fonds de la province. Les députés provinciaux, eux-mêmes privés de rémunération, expriment leur frustration : l’argent destiné à la province serait, selon certaines sources internes, redirigé vers des opérations sécuritaires. Un usage qui ne repose sur aucun cadre légal clair, et qui soulève des interrogations sur la gouvernance financière.
Entre l’autosatisfaction et détournement de priorité, l’état de siège en Ituri ressemble de plus en plus à une impasse politique et morale. Le peuple attend des résultats concrets, pas des slogans diffusés à distance, peut-on constaté dans le commentaire de bas peuple.
Rédaction
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Gaby Luanda
C’est avec une grande satisfaction que je dois avouer le professionnalisme contenu dans la rédaction de cet article : un style littéraire impeccable, des mots justes, précis et à leur place, une analyse sans complaisance, réelle et véridique. Avec respect et courtoisie, l’auteur met à nu le mensonge que cache te révèle ce régime d’exception adulé par ses concepteurs. L’état de siège a montré ses limites au Nord-Kivu, contre-productif et immoral mais personne d’autre n’en a parlé avec des arguments convainquants comme dans cet article. Merci beaucoup pour cet travail de qualité.
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