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Ituri : Quand l’armée congolaise privilégie l’or au détriment de la sécurité de population

La situation sécuritaire et économique du territoire de Mambasa, en Ituri, révèle une crise profonde de gouvernance où l’implication des forces armées dans les affaires minières soulève de graves préoccupations. Le glissement de mission des FARDC alimente une perte de confiance et laisse les civils à la merci des violences.

Une armée plus occupée à garder les mines que les civils

À Mambasa, la présence accrue des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans les sites miniers devient une source d’indignation. Plusieurs organisations de la société civile, dont la Nouvelle Société Civile du Congo (NSCC) et LUCHA, tirent la sonnette d’alarme. Elles dénoncent une militarisation des zones d’exploitation, en particulier celles exploitées par des entreprises étrangères, notamment chinoises. Cette posture est jugée injuste et antisociale : pendant que les militaires protègent les intérêts économiques, les populations locales restent exposées aux exactions de groupes armés, comme les ADF, actifs dans la région.

Soupçons de corruption dans les rangs militaires

Derrière cette militarisation ciblée, des accusations d’affairisme émergent. Des sources locales pointent du doigt certains officiers des FARDC qui seraient directement impliqués dans l’exploitation artisanale ou semi-industrielle des ressources. Cette implication prendrait la forme de partenariats informels avec des exploitants miniers, en échange de leur «protection». Ce phénomène crée un conflit d’intérêts manifeste : l’armée, censée protéger les civils, devient juge et partie dans un secteur à forts enjeux économiques.

Les populations paient le prix de l’abandon

Ce désengagement sécuritaire au profit des mines a des conséquences dramatiques. Les attaques armées continuent de frapper les villages et les axes routiers. L’insécurité alimentaire, les déplacements forcés et la déscolarisation s’intensifient. En détournant les moyens militaires vers des zones économiquement stratégiques, l’État abandonne une partie de sa population à son sort.

Une exploitation hors de contrôle

L’exploitation minière, dans cette partie de l’Ituri, échappe de plus en plus au contrôle de l’État. En l’absence d’une régulation stricte, les entreprises étrangères (souvent protégées par les militaires) opèrent dans une opacité totale. L’État perd à la fois le contrôle sur ses ressources et sa souveraineté territoriale. Les recettes fiscales sont souvent détournées, et les communautés locales ne bénéficient d’aucune retombée tangible.

Face à cette situation, les appels à des réformes structurelles se multiplient. Les ONG locales demandent une séparation claire entre les fonctions militaires et les activités économiques, ainsi qu’un audit indépendant des activités des FARDC dans les zones minières. Sans changement profond, la situation à Mambasa risque de devenir le symbole d’un État faible, où l’or brille plus fort que la vie des citoyens.

Rédaction

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