
RDC : Entre réformes militaires et défis budgétaires, un combat pour la stabilité
La République Démocratique du Congo (RDC) traverse une période de tensions majeures, aggravée par l’offensive du mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda. La prise récente de la ville stratégique de Goma par ce groupe armé marque un tournant critique dans le conflit et a été qualifiée de « déclaration de guerre » par le gouvernement congolais. Face à cette situation, le président Félix Tshisekedi a engagé une série de réformes pour renforcer l’armée et mobiliser des ressources en faveur de la défense nationale.
En réponse à la progression du M23, Félix Tshisekedi a procédé, en décembre 2024, à une profonde restructuration de la hiérarchie militaire. Cette réorganisation a entraîné le remplacement du chef d’état-major des forces armées ainsi que de plusieurs hauts gradés. L’objectif est d’améliorer l’efficacité des forces armées congolaises et d’assurer une meilleure coordination des opérations sur le terrain.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de moderniser l’armée et d’accroître sa capacité à faire face aux nombreux groupes armés qui menacent la stabilité du pays. Toutefois, les résultats de ces changements restent encore à évaluer, notamment en termes d’impact sur le rapport de force avec le M23 et les autres factions rebelles présentes dans l’est du pays.
Une gestion budgétaire en contradiction avec les objectifs militaires
Parallèlement à ces réformes militaires, le président Tshisekedi a affirmé la nécessité de réduire le train de vie des institutions publiques afin de libérer des ressources pour l’armée. Cependant, malgré ces déclarations, les dépenses de fonctionnement des ministères ont connu une hausse spectaculaire, passant de 333 millions de dollars en 2020 à 789 millions en 2025, soit une augmentation de 137 %.
Cette contradiction entre les intentions affichées et l’augmentation effective des dépenses soulève des interrogations sur la gestion budgétaire du gouvernement. Alors que l’effort militaire exige des moyens considérables, une réaffectation plus rigoureuse des ressources apparaît comme une priorité incontournable.
Quelles solutions pour une meilleure allocation des ressources ?
Des experts et analystes économiques proposent plusieurs mesures pour réduire les dépenses institutionnelles et renforcer le financement des secteurs prioritaires, notamment la défense. Parmi ces recommandations figurent :
La réduction de la taille du gouvernement, afin de limiter les coûts liés aux rémunérations et aux avantages des hauts responsables. La rationalisation des missions et des primes, pour éviter les gaspillages et les dépenses superflues.
L’assainissement de la passation des marchés publics, afin de limiter la corruption et d’améliorer l’efficacité des investissements publics. Une plus grande transparence dans la gestion des fonds publics, en mettant en place des mécanismes de suivi et de contrôle rigoureux.
Selon certaines estimations, l’application de ces mesures pourrait permettre une réduction des dépenses institutionnelles de 20 à 30 %, libérant ainsi des fonds considérables pour des secteurs clés comme la défense.
La RDC se trouve aujourd’hui à un carrefour où des décisions courageuses et des réformes profondes sont nécessaires. L’efficacité de la réorganisation militaire dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à mobiliser et allouer correctement les ressources disponibles. Si la crise sécuritaire impose une réponse immédiate, la gouvernance financière constitue un enjeu tout aussi crucial pour garantir la stabilité à long terme du pays.
Face à l’urgence de la situation, il devient impératif pour les autorités congolaises de traduire leurs engagements en actions concrètes, sous peine de voir les défis sécuritaires et économiques s’aggraver encore davantage.
Papy Kilongo, depuis Bunia
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