×

Ituri : Exploitation minière, un désastre économique et humain sous couvert de l’état de siège ?

Dr Vital Tungulo, président de l’association Akongo, regroupant le peuple Nyali du territoire de Djugu en Ituri, a récemment dénoncé avec véhémence une situation alarmante qui frappe cette province sous état de siège depuis plusieurs années. Lors d’un échange avec les médias, il a révélé des faits troublants impliquant des miliciens, des étrangers et même des éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), dans une exploitation anarchique des ressources aurifères de la région.

Des gisements d’or aux mains des miliciens

Selon le Dr Tungulo, plus de 150 carrés miniers d’or, autrefois exploités légalement, sont désormais contrôlés par les miliciens du groupe armé CODECO dans le secteur des Banyali Kilo, territoire de Djugu. Ces sites, abandonnés depuis environ cinq ans en raison de l’insécurité persistante, font l’objet d’une exploitation illégale menée par ces miliciens génocidaires.

« Les miliciens collaborent avec des étrangers, notamment des chinois qui, exploitent ces mines avec la complicité de certains éléments des FARDC.», a-t-il affirmé.

Un pillage organisé avec la complicité des forces nationales

Le Dr Tungulo a également pointé du doigt une implication directe des forces armées congolaises dans cette exploitation illégale. Il a cité l’exemple d’Amagui, dans la chefferie proche de la frontière ougandaise, où des éléments de la Garde Républicaine (GR) sécurisent les activités d’excavation effectuées par des machines étrangères, sans aucun respect des normes environnementales.

« C’est une mafia bien organisée, malheureusement au prix du sang des filles et fils congolais de l’Ituri », a-t-il dénoncé.

L’état de siège sous questionnement

Cette situation met en lumière une réalité sombre pour l’Ituri, où l’état de siège, instauré en mai 2021 pour restaurer la paix, semble davantage profiter à des réseaux criminels qu’à la population. Dr Tungulo estime que cette mesure est devenue un prétexte pour permettre le pillage des ressources naturelles, tandis que les habitants continuent de subir des violences, déplacements forcés et misère.

« C’est la vraie raison même du maintien de cet état de siège improductif », a-t-il conclu, appelant à une action urgente pour mettre fin à ces pratiques.

Un appel à la justice et à la transparence

Les révélations du Dr Tungulo soulignent l’urgence de mettre en place des mécanismes de contrôle et de transparence pour protéger les richesses naturelles de l’Ituri et garantir qu’elles bénéficient aux populations locales. Les autorités congolaises sont également appelées à prendre des mesures fermes contre les responsables de ces abus, qu’ils soient civils, militaires ou étrangers.

La situation en Ituri reste un exemple criant des défis auxquels la RDC fait face dans la gestion de ses ressources naturelles et dans la lutte contre la corruption et l’impunité. Le sort de cette province riche en ressources, mais meurtrie par des années de conflit, dépendra des choix politiques et des engagements réels pour rétablir la justice et la paix.

Rédaction

Share this content:

Laisser un commentaire