
Ituri : 17 décembre 2024 – Sept ans de règne de la CODECO, un massacre historique sous l’insensibilité de l’État congolais
Le 17 décembre 2017 marque une date funeste pour l’Ituri. Ce jour-là, au marché de Uuzi, dans le territoire de Djugu, le groupe armé CODECO (Coopérative pour le développement du Congo) lançait ses premières attaques sanglantes, ouvrant un chapitre sombre dans l’histoire de la région. Sept ans plus tard, le conflit persiste, plongeant des milliers de civils dans une détresse inimaginable.
Une tragédie humaine à la mémoire floue
Les massacres commis par CODECO ont fait des milliers de victimes, bien que les chiffres précis soient difficiles à établir. Hommes, femmes, enfants : nul n’est épargné par des violences souvent marquées par une cruauté inhumaine. À ces pertes humaines s’ajoutent des déplacements massifs : des centaines de milliers de familles ont fui leurs villages pour trouver refuge dans des camps où règnent l’insalubrité et l’insécurité.
Les villages incendiés, les champs abandonnés, et les infrastructures détruites témoignent de l’ampleur des dégâts. L’Ituri, autrefois une région agricole prospère, est aujourd’hui paralysée par une insécurité chronique, plongeant la population dans une précarité extrême.
Des revendications initiales détournées
À ses débuts, CODECO se présentait comme le défenseur des droits de la communauté Lendu, alimentant un conflit historique avec les Hema, une autre communauté de la région. Mais cette façade idéologique a rapidement été éclipsée par des motivations économiques. Exploitant les riches ressources naturelles, notamment l’or, le groupe s’est transformé en une organisation opportuniste, alimentant la violence pour financer ses activités.
Cette instrumentalisation des revendications identitaires a exacerbé les tensions intercommunautaires. Aujourd’hui, villages et familles autrefois unies par une coexistence pacifique vivent dans une méfiance mutuelle alimentée par des discours de haine et des représailles incessantes.
Un chaos économique et social
L’impact de CODECO ne se limite pas aux pertes humaines. L’économie locale est en lambeaux : les circuits commerciaux sont paralysés, et l’agriculture, principale activité économique, est gravement perturbée. Conséquence directe : l’insécurité alimentaire s’intensifie, aggravant les souffrances des populations déjà vulnérables.
Les services essentiels, comme l’éducation et la santé, ne sont plus accessibles. Les écoles sont fermées, et les rares centres de santé encore opérationnels peinent à répondre aux besoins des déplacés.
Des profiteurs dans l’ombre
Alors que les populations locales subissent les affres du conflit, certains acteurs en tirent profit. Des réseaux locaux et internationaux exploitent l’instabilité pour extraire illégalement les ressources minières, notamment l’or. Ce commerce illicite alimente un cycle de violence en échange de financements et d’armes.
Sur le plan politique, certains responsables utilisent la crise pour asseoir leur influence ou détourner l’attention des défaillances de gouvernance. Ces manipulations perpétuent l’insécurité, entravant toute initiative de paix durable.
Une réponse sécuritaire inadaptée
Malgré la présence des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la mission des Nations Unies (MONUSCO), les efforts pour rétablir la paix restent insuffisants. Les FARDC, sous-équipées, peinent à neutraliser les milices. L’absence d’une stratégie claire pour rétablir l’autorité de l’État laisse un vide que les groupes armés exploitent sans relâche.
Quelles solutions pour un avenir meilleur ?
Le conflit en Ituri ne peut être résolu qu’avec une approche globale et concertée :
- Renforcer les capacités militaires et encourager le dialogue communautaire : Une stratégie coordonnée entre actions sécuritaires et civiles est essentielle.
- Lutter contre l’impunité : Les responsables des massacres doivent être traduits en justice, et les réseaux financiers qui soutiennent CODECO démantelés.
- Investir dans le développement local : Fournir des opportunités économiques aux jeunes pour réduire leur vulnérabilité face à l’enrôlement armé.
Appel à une volonté politique forte
Sept ans après le début du règne de terreur de CODECO, l’Ituri reste à genoux, sacrifiée sur l’autel des intérêts économiques et des tensions communautaires. Mais l’urgence d’agir n’a jamais été aussi grande. Une volonté politique forte, au niveau national et international, est indispensable pour briser ce cycle destructeur.
L’Ituri mérite mieux que cette violence sans fin. Ses habitants, eux, aspirent simplement à vivre en paix.
Papy Kilongo, depuis Bunia
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Justin safari
C’est grave
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