Le monde de la musique et de l’art engagé est en deuil après l’assassinat de Delcat Idengo, artiste musicien reconnu pour ses prises de position audacieuses contre les injustices en République Démocratique du Congo. Ce jeudi après-midi, l’artiste a été abattu par des hommes armés liés au groupe rebelle M23, alors qu’il filmé un clip pour sa dernière chanson, qui critiquait ouvertement le mouvement M23 et son soutien présumé du Rwanda.

L’incident tragique s’est produit près de Kilijiwe, à Goma, où Idengo réalisait un clip dans lequel il dénonçait les atrocités et la politique d’occupation des terres du Kivu. Dans sa nouvelle chanson, il clamait avec ferveur :

«M23 et ADF sont la même chose : politique d’occupation des terres du Kivu»

Portant une tenue militaire emblématique destinée à marquer son message de résistance. Des témoins présents sur les lieux affirment qu’Idengo a succombé à ses blessures sur le champ, laissant derrière lui une communauté choquée et en colère.

Cet événement s’inscrit dans un contexte de violence continue dans la province du Nord-Kivu, où le M23, un groupe armé dont la réputation est ternie par des accusations d’exactions et de violations des droits humains, continue d’opérer avec impunité. Il est à noter qu’Idengo venait tout juste de sortir de la prison de Munzenze, un centre pénitentiaire notoirement connu pour être sous le contrôle des forces de l’AFC/M23. Il avait été arrêté à plusieurs reprises pour ses paroles engagées, qui au fil des ans lui avaient valu un statut presque légendaire parmi les artistes congolais.

Delcat Idengo, en plus de sa carrière musicale, avait toujours utilisé sa voix pour rappeler à la population et aux dirigeants congolais les frustrations des citoyens face à une gouvernance qu’il qualifiait de « mégestion ». Son assassinat soulève des questions sérieuses sur la liberté d’expression et la sécurité des artistes en République Démocratique du Congo, surtout dans cette région déjà marquée par des conflits persistants.

La nouvelle de sa mort a provoqué un choc dans les cercles artistiques et parmi le grand public, qui voit en lui un symbole de résistance face à l’oppression. Les hommages affluent sur les réseaux sociaux alors que les citoyens de Goma et du Nord-Kivu pleurent la perte d’un artiste courageux qui a su insuffler un vent d’espoir et de changement à travers sa musique.

Les autorités locales n’ont pas encore communiqué sur le déroulement de l’enquête concernant cet assassinat, mais la colère et l’indignation envers le M23 risquent de s’intensifier, rendant la situation déjà tendue dans la région encore plus explosive.

Saint Olivier Eloim, depuis Gety – Irumu