
Valentin-Yves Mudimbe : Une voix majeure du savoir africain s’éteint
Le monde intellectuel africain est en deuil. Le philosophe, écrivain et universitaire congolais Valentin-Yves Mudimbe, connu également sous le nom de Mudimbe Vumbi Yoka, s’est éteint ce 21 avril à l’âge de 83 ans. Sa disparition marque la fin d’un parcours intellectuel hors du commun, salué bien au-delà des frontières africaines.
Né le 8 décembre 1941 à Jadotville, aujourd’hui Likasi, en République Démocratique du Congo, Mudimbe aura traversé les grandes mutations de l’Afrique contemporaine, tant par son engagement académique que par sa réflexion critique sur les savoirs et les structures héritées de la colonisation. Ancien prêtre devenu linguiste, poète et philosophe, il s’est imposé comme une figure incontournable des études postcoloniales.
Professeur émérite de littérature comparée à Duke University, il a également enseigné à l’Université nationale du Zaïre, à Stanford et dans d’autres institutions prestigieuses. Son œuvre phare, The Invention of Africa (1988), demeure une référence majeure dans les cercles intellectuels. Dans cet essai incisif, Mudimbe s’attaque à la manière dont l’Afrique a été construite, représentée et interprétée par les savoirs occidentaux, appelant à une relecture des sources et à une production du savoir depuis les réalités africaines.
Écrivain prolifique, il a aussi laissé sa marque en littérature avec des romans puissants comme Entre les eaux et L’Écart, où il explore les tensions entre tradition et modernité, identité et altérité, ancrant son écriture dans une quête philosophique continue.
Son travail, largement traduit et étudié à travers le monde, a inspiré des générations de penseurs, chercheurs, écrivains et activistes. Considéré comme un pionnier de la « décolonisation du savoir », Valentin-Yves Mudimbe a contribué à refonder les bases de la pensée critique africaine.
Avec sa disparition, l’Afrique perd l’un de ses plus brillants esprits. Mais son héritage, dense et lumineux, continuera d’éclairer les débats contemporains et de nourrir la réflexion des générations futures.
César Marcelo depuis Lubumbashi
Share this content:
Laisser un commentaire