
RDC : la formation d’un gouvernement d’union nationale suscite des tensions
Les consultations pour la formation d’un gouvernement d’union nationale en République démocratique du Congo débutent ce lundi sous la houlette de la Première ministre Judith Suminwa. Cependant, l’initiative du président Félix Tshisekedi se heurte à une opposition farouche de plusieurs figures majeures de l’opposition.
Les discussions, menées par Désiré Cashmir Eberande Kolongele, conseiller spécial du chef de l’état en matière de sécurité, devraient inclure diverses composantes de la société congolaise : majorité présidentielle, société civile, leaders d’opinion, anciens chefs militaires et membres de l’opposition. Néanmoins, les principaux opposants, dont Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga et Augustin Matata Ponyo, refusent catégoriquement d’y prendre part.
L’opposition rejette l’initiative présidentielle
Les opposants estiment que ces consultations sont une manœuvre politique visant à légitimer le pouvoir en place plutôt qu’une réelle tentative d’unité nationale. Le porte-parole du parti Ensemble pour la République, Hervé Diakiese, critique vivement la démarche :
« Comment pouvez-vous mettre la charrue avant les bœufs pour nous faire perdre du temps ? Vous n’avez pas encore créé une union nationale, mais vous formez déjà un gouvernement d’union nationale. »
Rodrigue Ramazani, secrétaire général d’Envol, parti de Delly Sesanga, adopte une position similaire :
« L’Envol refuse de cautionner une manœuvre politique visant à renforcer le pouvoir de M. Tshisekedi sous couvert d’une consultation. La seule voie crédible pour restaurer la paix et la cohésion nationale est celle portée par les pères de l’église. »
Même son de cloche du côté de Lamuka, coalition de Martin Fayulu. Son porte-parole, Prince Epenge, dénonce une initiative inadaptée :
« Ce n’est ni la voie, ni la solution, ni le cadre. Félix Tshisekedi a tapé à côté. La situation est dramatique et ces consultations ne résoudront pas les crises actuelles. »
Les évêques et les pasteurs, alternative crédible selon l’opposition
Plutôt que de participer aux consultations gouvernementales, l’opposition préfère s’aligner sur les discussions initiées en février par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC). Ces initiatives ecclésiastiques visent à aboutir à un dialogue national plus inclusif et indépendant du pouvoir en place.
Franklin Tshiamala, secrétaire général du parti LGD d’Augustin Matata Ponyo, insiste sur l’importance de ces négociations portées par les religieux :
« Nous sommes favorables à un dialogue qui aborde les causes profondes des conflits, notamment ceux à l’est du pays. »
Un gouvernement d’union nationale sans l’opposition ?
Face à ce boycott, l’avenir du gouvernement d’union nationale voulu par Tshisekedi reste incertain. Si les opposants persistent dans leur refus de participer, cette initiative risque de ne représenter qu’un élargissement de la majorité présidentielle, sans véritable consensus national.
Les jours à venir seront déterminants : le président Tshisekedi parviendra-t-il à convaincre certains acteurs réticents à rejoindre le processus ? Ou bien devra-t-il revoir sa stratégie pour éviter une crise politique supplémentaire dans un pays déjà fragilisé par des tensions internes et des conflits armés ?
Robyzon Banza, depuis Kasaï-Oriental
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