La province de l’Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo, demeure un territoire en proie à des défis multiples. L’analyse des récents événements dans les territoires et Djugu et irumu révèle un contraste frappant : tandis que certaines zones commencent à bénéficier d’une stabilité fragile, d’autres continuent de faire face à une crise humanitaire alarmante.

Une urgence humanitaire criante

En Irumu, dans la chefferie des Bahema Boga, la situation des familles récemment retournées est préoccupante. Ces populations, privées d’assistance humanitaire, dépendent essentiellement de travaux journaliers pour subvenir à leurs besoins. David Balikya, coordonnateur de la société civile locale, a mis en garde contre une aggravation de la situation si une intervention rapide n’est pas menée par le gouvernement provincial.

La détresse de ces familles révèle une absence prolongée de mécanismes de soutien et de résilience dans une région encore fragilisée par des années de conflits. En dépit d’efforts sécuritaires dans d’autres localités, cette partie de l’Ituri reste dans une impasse humanitaire, exacerbée par le retour des populations déplacées.

Des lueurs d’espoir sécuritaires

Malgré ces défis, des signes encourageants émergent dans des localités telles que Makabo et Chaï. Selon Lambabo Matonja Barnabas, chef du groupement Makabo, les fêtes de fin d’année se sont déroulées dans un calme inédit. Cet apaisement est attribué à l’engagement des jeunes et aux initiatives communautaires en faveur de la paix.

De même, à Chaï, la reprise des activités économiques et sociales témoigne d’un climat plus serein. Les efforts conjugués des autorités locales et des communautés pour renforcer la sécurité portent leurs fruits, incitant les résidents à reconstruire leurs vies.

Une transition fragile

Ces avancées sécuritaires ne doivent toutefois pas masquer la gravité des besoins humanitaires persistants. La paix fragile dans certaines zones reste vulnérable à une rechute si les besoins fondamentaux des populations, notamment alimentaires et sanitaires, ne sont pas pris en charge.

L’opportunité offerte par cette accalmie doit être saisie pour mettre en place des stratégies de développement durable. Il s’agit d’allier efforts humanitaires et initiatives de reconstruction pour transformer ces zones en espaces résilients, capables de résister aux chocs futurs.

La nécessité d’une approche coordonnée

La double réalité de l’Ituri entre urgence humanitaire et reprise progressive exige une réponse concertée. Les autorités provinciales, en partenariat avec les organisations humanitaires, doivent agir de manière proactive pour répondre aux besoins immédiats tout en investissant dans la stabilisation à long terme.

Cette période charnière pourrait marquer un tournant décisif pour l’Ituri, à condition que les efforts sécuritaires soient accompagnés d’un engagement soutenu envers le développement et la solidarité humanitaire. Si les défis sont immenses, les exemples de résilience à Makabo et Chaï démontrent que l’espoir est possible, même dans les contextes les plus difficiles.

Papy Kilongo, depuis Bunia