×

Ituri en crise : violences, insécurité alimentaire et accès aux soins en péril, MSF lance un alerte

L’Ituri, province située à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), est en proie à une crise humanitaire alarmante. Selon un rapport de Médecins Sans Frontières (MSF) du 25 mars 2025, la région continue de subir des violences extrêmes, entraînant des déplacements massifs de population.

Entre mars 2024 et mars 2025, plus de 49 victimes de violences ont été recensées, un chiffre en augmentation par rapport aux années précédentes. La situation est particulièrement critique à Drodo et Angumu, dans le territoire de Djugu, où des attaques répétées ont conduit à des déplacements forcés, aggravant l’insécurité alimentaire et limitant l’accès aux soins de santé.

L’accès aux soins médicaux est fortement compromis par l’insécurité. En effet, neuf centres de santé sur dix-neuf à Drodo ont été partiellement ou totalement détruits depuis 2020. De plus, le centre de référence de Blukwa Mbi a été pillé à trois reprises en 2018, 2020 et 2021, le privant d’équipements essentiels tels que la chaîne du froid. Face à cette situation, certaines structures de santé ont dû être relocalisées dans des conditions précaires.

Cette crise entraîne une baisse significative des admissions pédiatriques. Par exemple, les violences de décembre 2024 ont provoqué une chute de 59 % des consultations pédiatriques à l’Hôpital Général de Référence (HGR) de Drodo.

L’eau et l’hygiène : un enjeu sanitaire majeur

Les conditions de vie dans les camps de déplacés sont également très préoccupantes. Le manque d’accès à l’eau potable et à des installations sanitaires adéquates favorise la propagation de maladies hydriques. En mars 2024, MSF a constaté une augmentation des cas de diarrhée dans les sites de déplacés.

  • Site de Rho : 214 personnes par latrine et seulement 11 litres d’eau par jour et par personne.
  • Sites d’Angumu : 73 personnes par latrine en moyenne, avec des zones où l’accès à l’eau est inférieur à 7 litres par jour.

Cette précarité sanitaire contribue à la transmission de maladies infectieuses, rendant la situation encore plus critique.

Une insécurité alimentaire alarmante

L’insécurité alimentaire en Ituri est un autre problème majeur. Faute d’assistance alimentaire suffisante, de nombreuses familles sont contraintes de retourner cultiver leurs champs malgré les risques d’attaques. Cette situation met en péril leur sécurité et leur survie.

  • Les déplacés des sites d’Angumu n’ont reçu aucune aide alimentaire pendant plus de deux ans (juin 2022 – septembre 2024).
  • Les déplacés de Drodo sont restés six mois sans aide alimentaire entre novembre 2023 et juin 2024.

Le manque de nourriture accroît la vulnérabilité des populations et complique la prise en charge des malades, notamment des enfants souffrant de malnutrition.

La situation en Ituri reste critique. L’intensification des violences, le manque d’accès aux soins de santé et l’insécurité alimentaire plongent des milliers de personnes dans une détresse extrême. Les organisations humanitaires, malgré leurs efforts, peinent à répondre aux besoins croissants des populations déplacées.

Selon médecin sans frontière, une action urgente est nécessaire pour améliorer la sécurité, garantir l’accès aux services de base et fournir une assistance alimentaire et sanitaire adéquate. Faute d’une intervention rapide, cette crise humanitaire risque de s’aggraver encore davantage, mettant en péril la vie de milliers de personnes.

Papy kilongo depuis Bunia

Share this content:

Laisser un commentaire