La région de l’Est de la République Démocratique du Congo traverse une période difficile, marquée par des conflits armés qui fragilisent davantage la vie sociale de la population. Ces crises, qui sévissent depuis plusieurs années, affectent profondément les habitants, provoquant des déplacements massifs, des kidnappings et des pertes humaines. Une situation qui n’échappe pas à l’œil vigilant des jeunes artistes de la scène musicale congolaise.

Parmi eux, le duo formé par G Black, alias Grâce Kaninda, et Heldrack, deux artistes originaires de la province de l’Ituri, ont décidé de briser le silence en dénonçant cette tragédie à travers une chanson poignante. Cette chanson de seulement 3 minutes et 30 secondes s’intitule «Lamuka RDC», un appel vibrant à l’éveil du peuple congolais face à la détérioration de ses conditions de vie.

«Lamuka RDC» : un cri de détresse et d’espoir

Dans cette chanson, les deux artistes abordent la question de l’insécurité dans l’est du pays, où des groupes armés locaux et étrangers sèment la terreur en pillant, kidnappant et tuant les populations rurales. Ceux qui réussissent à fuir se retrouvent dans les sites des déplacés, dans des conditions précaires et souvent désastreuses. Le titre même, «Lamuka RDC», qui signifie «Réveille-toi RDC», invite le peuple congolais à prendre conscience de la gravité de la situation et à se mobiliser pour un avenir meilleur.

Chaque couplet de «Lamuka RDC» traduit l’angoisse profonde du peuple congolais, soumis à l’indifférence et à l’inaction des leaders politiques et religieux. Dès l’introduction, l’artiste G Black, accompagné d’Heldrack, reprend les paroles et la mélodie de la chanson «Oser la paix» de Lexxus Légal, en collaboration avec le reggae man Tiken Jah Fakoly, pour exprimer cette lutte incessante pour la paix et la sécurité. Les paroles :

«Mbok’oyo Congo, Ekolo to betelaka tolo oyo, Soki solo pona Congo, Ngonga ya ko sala kimia yango oyo» traduisent un cri de désespoir face à l’inefficacité des solutions proposées par les autorités.

La dure réalité d’une population souffrante

À travers ce morceau, G Black et Heldrack pointent du doigt les échecs répétés des dirigeants congolais face à une population qui souffre. Les jeunes artistes n’hésitent pas à accuser l’élite congolaise de son inaction : «On ne cessera de le dire malgré des années de souffrance», l’un des vers les plus forts de la chanson. Les deux artistes rappellent sans relâche que la République Démocratique du Congo ne doit pas se contenter d’une paix de façade, mais doit prendre des mesures concrètes pour garantir la sécurité et le bien-être des citoyens.

La situation dans l’est du pays, notamment à Goma et Bukavu, est d’autant plus inquiétante, avec la présence de groupes armés comme l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et le M23, soutenus par des forces extérieures. Ces groupes continuent d’exercer un contrôle sur ces régions, créant un climat de terreur et exacerbant les souffrances des populations civiles. La crise sécuritaire qui perdure dans ces provinces, alimentée par des conflits internes et externes, demeure une priorité ignorée par les autorités nationales.

Un message clair pour l’élite congolaise

Le message de «Lamuka RDC» ne se limite pas à une simple critique de la situation actuelle. Il appelle aussi à la prise de responsabilité de la part de l’élite politique et militaire du pays. La chanson invite les dirigeants à cesser de détourner le regard face à la souffrance du peuple congolais et à œuvrer pour une paix véritable et durable.

«Lamuka RDC» est plus qu’une chanson, c’est un cri de guerre culturel contre l’injustice et l’impunité qui gangrènent la société congolaise. À travers leurs paroles et leur engagement, G Black et Heldrack nous rappellent qu’il est urgent de réagir face aux souffrances du peuple congolais. Le réveil est impératif, non seulement pour la population, mais aussi pour les dirigeants du pays, car l’histoire de la RDC ne doit pas être celle de la passivité et de l’oubli.

voici le lien youtube : https://youtu.be/4z34p9Sp61w?si=9R_dAyiH3raM0Zd3

Zacharie Asimoni depuis Bunia