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Condamné à 12 mois, la «libération provisoire» de Luc Malembe provoque la colère de la jeunesse de l’UDPS/Ituri

La scène politique iturienne est en effervescence après la libération provisoire «anticipée» de Luc Malembe, ancien prisonnier de la prison centrale de Bunia, condamné pour diffamation et relais de fausses informations. Cette décision judiciaire, assortie de controverses, a suscité une vive réaction de la jeunesse de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS/Tshisekedi), qui exige son retour en détention, tandis que l’intéressé dénonce une cabale politique.

Dans un communiqué rendu public, la jeunesse de l’UDPS de la fédération de l’Ituri a exprimé sa colère face à ce qu’elle perçoit comme une libération prématurée et injustifiée de Luc Malembe. Ce dernier, condamné le 28 décembre 2024 par le Tribunal de Paix d’Irumu à 12 mois de servitude pénale, avait été arrêté pour avoir tenu des propos jugés diffamatoires contre le chef de division de transport et voie de communication, Baudouin Aneva Ankwa.

Malembe est aussi accusé de régulièrement tenu des propos injurieux, déplacés contre le président de la République, Félix Tshisekedi et des cadres de l’UDPS, ainsi que contre des personnalités provinciales, notamment le gouverneur militaire Luboya N’Kashama Johnny.

Les jeunes militants accusent Luc Malembe de mener une campagne de « chantage médiatique » et de « dénigrement systématique » à travers les médias et les réseaux sociaux. Ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme un affront aux institutions de la république et aux « combattants d’honneur » de leur parti.

La jeunesse de l’UDPS exige : Le retour en détention de Luc Malembe pour qu’il purge sa peine en intégralité; l’indépendance de la justice, appelant les magistrats à résister à toute influence externe; l’intervention du ministre de la justice pour garantir le bon fonctionnement du système judiciaire en Ituri; un contrôle renforcé des contenus médiatiques par le CSAC pour lutter contre la désinformation; le respect de l’éthique journalistique, appelant les membres de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC/Ituri) à davantage de rigueur.

Luc Malembe contre-attaque

Luc Malembe, de son côté, rejette catégoriquement les accusations portées par l’UDPS. Dans une déclaration virulente, il qualifie ses détracteurs de « soi-disant jeunes achetés » par Baudouin Aneva Ankwa, qu’il accuse d’avoir orchestré son arrestation pour des raisons politiques.

Malembe soutient que son arrestation initiale était injuste et que sa condamnation par le tribunal de paix d’Irumu n’était pas définitive. Selon lui, il a exercé son droit d’appel devant le tribunal de grande instance de Bunia, où il a obtenu une liberté provisoire conformément à la loi.

«On ne peut purger une peine que lorsqu’on a épuisé toutes les voies de recours», a-t-il affirmé, précisant que son procès est toujours en cours.

Il ajoute :

«Moi, je ne dépends pas de l’UDPS. Qui sont-ils pour refuser ma liberté ? Je n’ai aucun compte à rendre à des prétendus jeunes qui n’ont aucune connaissance du droit.» Malembe assure qu’il continuera à se défendre jusqu’à la dernière instance, y compris devant la cour de cassation si nécessaire.

Un conflit symptomatique des tensions politiques

Cette affaire met en lumière les fractures profondes qui traversent l’espace politique iturien, où la justice est souvent perçue comme un outil de règlement de comptes. La jeunesse de l’UDPS accuse Malembe d’attenter à l’honneur de figures proches du pouvoir, tandis que ce dernier dénonce une instrumentalisation des institutions judiciaires à des fins partisanes.

Alors que les appels au retour en détention de Luc Malembe se multiplient, le tribunal de grande instance de Bunia devra trancher sur la suite de la procédure. En attendant, l’opinion publique reste divisée entre ceux qui soutiennent le combat judiciaire de Malembe et ceux qui adhèrent à la position intransigeante de l’UDPS.

L’affaire Luc Malembe illustre une fois de plus les défis de l’indépendance judiciaire et de la liberté d’expression en république démocratique du congo, à un moment où le pays traverse des turbulences politiques et sécuritaires majeures.

Papy Kilongo, depuis Bunia

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