Dans un rebondissement inattendu lors du procès très médiatisé de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, son avocat principal, le Professeur Nyabirungu, a été pris au piège de sa propre doctrine juridique. Alors qu’il tentait de faire invalider la procédure en demandant une nouvelle levée d’immunité parlementaire pour son client, la Cour constitutionnelle a rejeté l’argument… en s’appuyant sur un ouvrage qu’il a lui-même rédigé.

Le président de la Cour, Dieudonné Kamuleta, a cité un passage clair du livre du professeur Nyabirungu stipulant que :

« les immunités, une fois levées et l’affaire en instruction, ne peuvent plus être remises en question ». Une démonstration implacable qui a affaibli la ligne de défense de Matata Ponyo.

Le verdict est tombé ce mardi 20 mai : Augustin Matata Ponyo a été condamné à dix ans de travaux forcés et à la confiscation de ses biens, reconnu coupable de détournement de fonds publics dans le cadre du projet agro-industriel de Bukanga Lonzo, un chantier ambitieux devenu symbole de malversations.

Outre la peine principale, l’ancien Premier ministre est privé de ses droits de vote et d’éligibilité pendant cinq ans après avoir purgé sa peine. Il est également exclu de toute possibilité de liberté conditionnelle ou de réhabilitation.

Ses coaccusés n’ont pas été épargnés : Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, a été condamné à cinq ans de travaux forcés et à une privation de ses droits civiques pendant cinq ans. L’entrepreneur impliqué dans l’affaire écope lui aussi de cinq ans de travaux forcés et sera expulsé du territoire congolais à la fin de sa peine.

Cette affaire marque un tournant dans la lutte contre l’impunité en RDC, et le procès Bukanga Lonzo restera comme l’un des plus symboliques de ces dernières années.

Robyzon Banza, depuis Kasaï-Oriental