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RDC : Mutamba de nouveau dans le collimateur de la justice, le procureur M’Vonde ne désarme pas

Le bras de fer entre la justice congolaise et le ministre d’État à la Justice, Constant Mutamba, s’intensifie. Pour la deuxième fois en l’espace de quelques semaines, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin M’Vonde, a adressé un réquisitoire à l’Assemblée nationale sollicitant l’autorisation de poursuites contre le ministre.

Ce nouveau document a été lu en plénière ce vendredi par le rapporteur du bureau de la chambre basse, le professeur Jacques Ndjoli. Il accuse Constant Mutamba d’« outrage envers les membres du gouvernement, les cours et tribunaux, et les officiers du ministère public », de « provocation et incitation à des manquements à l’égard de l’autorité publique », ainsi que d’« injures publiques et menaces d’attentat contre l’intégrité physique ».

Les faits reprochés remontent à un meeting tenu le 26 mai devant le Palais de justice à Kinshasa. Devant une foule de partisans, Mutamba n’a pas mâché ses mots : il a traité le procureur M’Vonde et certains hauts magistrats de « mafieux » et de « kabilistes », tout en rejetant ce qu’il a qualifié de « caprices » de la Première ministre. Ces propos incendiaires ont suscité une vague de condamnations dans l’opinion publique et au sein des institutions.

Cette nouvelle procédure intervient dans un climat déjà tendu. La veille, l’Assemblée nationale avait donné son feu vert à la justice pour poursuivre Mutamba dans un autre dossier, celui du présumé détournement des fonds destinés à la construction de la prison centrale de Kisangani.

Alors que ses partisans dénoncent un « acharnement » contre un homme devenu « seul contre tous », ses détracteurs estiment qu’il est temps de mettre fin à ce qu’ils considèrent comme un comportement incompatible avec ses fonctions ministérielles.

Dans un pays où l’indépendance de la justice est régulièrement remise en question, cette affaire relance le débat sur l’équilibre des pouvoirs, la liberté d’expression des responsables politiques et les limites de l’immunité parlementaire.

Robyzon Banza, depuis Kasaï-Oriental

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