RDC : la méfiance des «Wazalendo» du Nord-Kivu en Ituri est fondée et sagace (Analyse)
Les Wazalendo, groupes armés se réclamant patriotes dans le contexte du Nord-Kivu sont arrivés en province de l’Ituri précisément à Mungamba dans le territoire d’Irumu, leur projet d’installation en Ituri doit prendre en compte plusieurs facteurs.
Déjà, l’arrivée potentielle de ces Wazalendu en Ituri constitue une source des préoccupations légitimes pour la population locale. Le risque est élevé que leur présence aggrave l’insécurité et les tensions ethniques existantes depuis des années. Les autorités congolaises, en collaboration avec les forces internationales, doivent anticiper et prévenir cette installation pour éviter une dégradation supplémentaire du climat sécuritaire et humanitaire dans la région.
La province du Nord-Kivu, tout comme celle de l’Ituri, sont des régions marquées par des conflits armés chroniques, impliquant divers groupes armés locaux et étrangers. Ces groupes sont souvent motivés par des intérêts ethniques, économiques (contrôle des ressources naturelles), ou politiques.
La méfiance de la population de l’Ituri envers les Wazalendo est compréhensible dans ce contexte, car la présence des groupes armés extérieurs pourrait accentuer l’instabilité, exacerber les tensions locales, ou déclencher des affrontements avec d’autres groupes déjà présents. Les Wazalendo se présentent comme des patriotes, mais cela peut être perçu différemment par la population locale et les autorités politico-administratives.
Historiquement, plusieurs groupes armés en République Démocratique du Congo (RDC), se sont proclamés défenseurs des communautés ou de l’intégrité nationale, mais leurs actions ont souvent abouti à des violations des droits de l’homme, du banditisme ou à l’exploitation des populations civiles.
L’auto-identification comme patriotes ne garantit pas l’acceptation, surtout si leur comportement est perçu comme violent ou opportuniste.
La réaction de la population de l’Ituri marquée par une crainte des violences, reflète un rejet anticipé de nouvelles vagues d’insécurité. L’Ituri a été le théâtre des massacres ces dernières années, avec des milices locales comme la CODECO, FPIC , Zaïre, MAPI ou la FRPI, exacerbant les tensions ethniques.
Les habitants craignent que l’arrivée des Wazalendo ne conduise à une concurrence pour le contrôle des ressources ou à de nouvelles vagues des violences contre des civils.
La présence d’un groupe armé tel que les Wazalendo pourrait entraîner des déplacements massifs des populations, aggravant la crise humanitaire déjà visible en Ituri. Les acteurs humanitaires pourraient être limités dans leurs interventions, augmentant ainsi la souffrance des populations locales. De plus, les activités économiques et agricoles seraient également perturbées, privant les habitants de leurs moyens de subsistance.
Le rôle des Forces Armées de la RDC (FARDC) et des autorités locales, sera crucial dans la gestion de cette situation. Elles devront faire preuve de fermeté pour empêcher l’installation de groupes armés extérieurs, tout en cherchant à désarmer les milices locales. Une coopération accrue avec d’autres partenaires internationaux serait aussi nécessaire pour prévenir une détérioration de la situation sécuritaire dans la province de l’Ituri où l’effort de rétablissement de l’autorité de l’Etat est demandé par la population.
Papy Kilongo