
RDC : 87e prorogation de l’état de siège en Ituri et Nord-Kivu : La population divisée face à une mesure controversée
La décision de prolonger pour la 87e fois l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu continue de diviser les habitants. Cette mesure exceptionnelle, mise en place pour rétablir la paix et lutter contre l’insécurité, semble ne plus faire l’unanimité après près de trois ans d’application.
Un bilan jugé mitigé par une partie de la population
Certains habitants de la ville de Bunia, interrogés ce lundi 9 décembre 2024 par la rédaction d’Ituri.cd, expriment leur déception face à ce qu’ils perçoivent comme un échec. Sous anonymat, un résident critique durement cette prorogation qu’il estime inutile :
« Je ne voudrais pas que cet état de siège soit encore prorogé. Ça fait pratiquement trois ans et, contrairement à sa mission, il a un pourcentage faible de réussite. La paix pour laquelle l’état de siège a été décrété n’existe pas. Il n’y a pas de nécessité de continuer à prolonger cette mesure. »
Un autre témoignage va dans le même sens, dénonçant l’inefficacité de cette mesure dans la restauration de la sécurité :
« Les événements qui avaient lieu avant l’état de siège sont les mêmes qu’aujourd’hui. Il n’y a aucun changement sur le plan sécuritaire. On a même peur de se rendre à Tchomia. »
Ces voix appellent à une suppression pure et simple de l’état de siège, estimant que la volonté de la population n’est pas suffisamment prise en compte par les autorités.
Des propositions pour une requalification de l’état de siège
D’autres habitants se montrent plus nuancés, plaidant pour une requalification de cette mesure plutôt que sa suppression totale. Ils appellent à des changements structurels pour renforcer son efficacité, notamment à travers le remplacement des responsables militaires en poste depuis longtemps et l’amélioration des moyens logistiques de l’armée.
« La prorogation de l’état de siège n’est pas une mauvaise idée en soi, car quelques efforts sont visibles, même si ce n’est pas à 100%. Les autorités devraient procéder à un remplacement des militaires qui ont trop duré, tout en dotant l’armée des équipements nécessaires pour éradiquer les forces négatives. Mon souhait, c’est de voir la paix revenir. », confie un autre habitant sous couvert d’anonymat.
Une mesure de plus en plus contestée
Le samedi 7 décembre dernier, le Parlement congolais a voté cette nouvelle prorogation de l’état de siège. Une décision qui, au-delà de la population, suscite également des inquiétudes parmi certains élus des provinces concernées. Ces derniers dénoncent l’absence de résultats tangibles malgré la répétition de cette mesure, instaurée depuis mai 2021.
Alors que les avis restent partagés, l’avenir de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu demeure incertain. Entre appels à sa suppression, à sa requalification ou encore à un changement d’approche global, les autorités congolaises font face à une pression croissante pour trouver une solution durable à l’insécurité dans ces régions meurtries.
Rachidi kudra depuis Bunia
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