Le couperet est tombé. La Cour constitutionnelle a rendu ce mardi un verdict sans appel dans le très médiatisé procès de l’affaire Bukanga-Lonzo, en condamnant l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à 10 ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics. En toile de fond, un scandale financier de plus de 200 millions de dollars américains engloutis dans le projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo, censé relancer l’économie agricole de la RDC.

La haute juridiction n’a pas seulement infligé une lourde peine privative de liberté à l’ex-chef du gouvernement. Elle a également prononcé une série de sanctions accessoires sévères : une interdiction de cinq ans d’exercer le droit de vote et de se porter candidat à une élection, applicable à l’issue de sa peine. Pire encore pour Matata Ponyo, la Cour a ordonné la confiscation de ses biens, ainsi que ceux de ses coaccusés, à hauteur des montants détournés. Aucune libération conditionnelle ni réhabilitation ne sera possible.

Dans la même foulée, la Cour a condamné à cinq ans de travaux forcés Deo Mutombo Mwana Nyembo, ancien gouverneur de la Banque Centrale du Congo, également impliqué dans le scandale. Comme Matata Ponyo, il est déchu de ses droits civiques pour une durée de cinq ans après sa peine.

Ce jugement historique marque une étape importante dans la lutte contre l’impunité des dirigeants en République démocratique du Congo. Il envoie un signal fort : désormais, nul n’est au-dessus de la loi, pas même les plus hauts responsables de l’État.

Alors que les réactions politiques ne se sont pas fait attendre, certains saluent une avancée de la justice congolaise, tandis que d’autres dénoncent un procès à relent politique. Mais une chose est certaine : avec ce verdict, l’affaire Bukanga-Lonzo entre dans l’histoire judiciaire du pays comme un symbole de la reddition des comptes.

Robyzon Banza, depuis Kasaï-Oriental