La 20ᵉ édition de la DRC Mining Week s’est achevée ce vendredi à Lubumbashi, marquant trois jours d’intenses échanges, de conférences et d’expositions autour des enjeux stratégiques du secteur minier congolais. Placée sous le thème : « Perturbations de la chaîne d’approvisionnement : renforcer les flux d’approvisionnement en minéraux pour une approche plus responsable », cette édition a mis en lumière les défis mais aussi les pistes de solutions pour un secteur plus transparent et durable.

Au cœur des discussions, la problématique de l’exploitation illicite des ressources, qui continue d’alimenter les conflits armés, notamment dans l’est de la République Démocratique du Congo. Pour y remédier, plusieurs intervenants ont plaidé en faveur d’un encadrement plus strict de la filière minière, avec des mécanismes de traçabilité renforcés.

Yves Binzunga, Directeur général adjoint d’Equity Bank, a ainsi proposé l’adoption du Processus de Kimberley en RDC, un système international destiné à empêcher le commerce des « diamants du sang ». Appliqué au contexte congolais, ce mécanisme permettrait de certifier l’origine des minerais et d’interdire leur achat lorsqu’ils proviennent de zones de conflit.

Il a également insisté sur la nécessité de bancariser le secteur, en particulier dans les zones reculées. Une telle mesure réduirait les transactions en espèces, faciliterait le suivi des flux financiers et renforcerait la transparence dans l’exploitation minière.

Pour sa part, Mzila Mtchenjane, consul minéral d’Afrique du Sud, a souligné l’importance de mettre en place des outils de traçabilité jusque dans les circuits artisanaux. Une exigence qui permettrait non seulement de protéger les intérêts économiques des acteurs en aval, mais aussi de crédibiliser la chaîne d’approvisionnement vis-à-vis des partenaires internationaux.

Les différents experts présents ont unanimement appelé les autorités congolaises à encadrer l’exploitation artisanale, qui reste encore largement hors de contrôle. La contrebande et les circuits parallèles continuent de priver l’État de revenus considérables et fragilisent les efforts de régulation.

Parmi les perspectives évoquées, figure également un partenariat stratégique potentiel entre la RDC et les États-Unis, centré sur les minerais critiques. En échange d’un appui sécuritaire, cet accord pourrait non seulement renforcer la sécurité dans les zones minières, mais aussi accroître les recettes fiscales du pays. Il contribuerait ainsi à décourager les filières illégales et à professionnaliser l’exploitation minérale.

Mzila Mtchenjane y voit une opportunité unique de faire émerger une élite entrepreneuriale congolaise. Il a invité la Chambre de commerce congolaise à jouer un rôle actif dans les négociations à venir, afin que les opérateurs nationaux puissent s’inscrire pleinement dans ces projets ambitieux.

Avec la participation de centaines d’acteurs du secteur, venus de la RDC et d’ailleurs, cette 20ᵉ édition de la DRC Mining Week s’impose comme une plateforme incontournable pour repenser l’avenir minier du pays. À travers des échanges francs et des propositions concrètes, elle a jeté les bases d’une exploitation plus éthique, responsable et profitable pour tous.

César Marcelo depuis Lubumbashi