Journée du 2 novembre : entre peur et détermination, le métier du journaliste en situation de conflit (Analyse)

Chaque année, le 2 novembre, la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes nous rappelle les défis immenses auxquels sont confrontés ceux qui choisissent d’informer en zone de conflit.

Dans des régions comme la province de l’Ituri, en République Démocratique du Congo, cette journée prend un sens particulier. Les journalistes qui y travaillent sont exposés aux pires dangers : attaques, enlèvements, intimidations ou menaces et même la mort ! Leur métier, qui consiste à rapporter les faits, devient un acte de courage, un engagement qui peut leur devenir fatal.

La réalité des reporters en zone de conflit

L’Ituri, zone marquée par des conflits armés persistants, est une terre difficile où les groupes armés comme la milice CODECO et autres imposent leurs lois. Pour les journalistes, le simple fait de couvrir un événement dans ces territoires signifie risquer la confrontation avec des miliciens méfiants et souvent hostiles.

J’ai moi-même vécu cette tension lors d’une mission de reportage, j’ai été retenu en otage la nuit du 18 au 19 octobre 2024 en chefferie des Walendu-Watsi dans le territoire de Mahagi. Cette expérience brutale et terrifiante, a souligné la précarité de notre sécurité sur le terrain. Mais elle m’a aussi rappelé l’importance de notre rôle : sans la présence de journalistes pour documenter ces réalités, les souffrances des populations locales resteraient invisibles.

Informer malgré la peur au ventre…

Malgré ce tableau obscur, ces journalistes persistent, ils prennent des risques extrêmes pour exposer les abus, sensibiliser le monde et faire entendre les voix des oubliés. Ces voix, pourtant essentielles, sont souvent réduites en silence par les menaces des représailles ou d’intimidations, etc.

Nonobstant la peur, les journalistes de l’Ituri et de l’Est de la RDC continuent de travailler, poussés par leur mission d’informer et de révéler ce qui se cache derrière les lignes de conflit. Ils savent que leur présence est importante pour attirer l’attention par exemple sur des besoins humanitaires, dénoncer les violences et parfois, mobiliser des soutiens.

Un appel pour la sécurité des journalistes

En cette Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, il est important voire urgent d’agir pour protéger ceux qui s’exposent pour le droit à l’information. Les opinions nationale et internationale doivent prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité des journalistes.

C’est un combat qui ne concerne pas seulement la protection d’individus, mais la défense d’un droit fondamental: le droit de savoir, le droit à l’information ! En protégeant les journalistes, nous protégeons les voix des milliers de citoyens pris dans les violences.

Aujourd’hui, je joins ma voix à celle de tous ceux qui œuvrent pour que les journalistes puissent faire leur travail sans crainte. Protégeons ceux qui informent dans les zones de conflit, car leur travail est essentiel pour que les réalités des plus vulnérables ne soient pas effacées dans le silence.

Eliézer Pithua

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