
Ituri : «Vous êtes les bourreaux de votre peuple», le cri d’un député contre les groupes armés
Dans une prise de parole d’une rare intensité, le député national Furaha Uma Daniel, élu de Mahagi, a adressé une lettre ouverte incendiaire aux chefs des groupes armés actifs dans la province de l’Ituri, les accusant d’être les principaux responsables du drame humanitaire qui déchire cette région depuis 2017.
Intitulée « Ultime interpellation aux chefs de guerre d’Ituri : Vous êtes les bourreaux de votre propre peuple – Le sang crie, la justice vous attend ! », la lettre, rendue publique ce lundi 28 juillet, est un cri de colère, de douleur et de vérité lancé à l’encontre des milices FRPI, CODECO, ZAÏRE, MAPI, FPIC, CHAMUKULA BATU et CHINI YA TUNA.
«Je vous écris, non avec crainte, mais avec la colère froide et la douleur muette d’un fils de cette terre martyrisée », écrit-il dès les premières lignes, avant de les accuser sans ambages : « Vous êtes tous les auteurs d’une même tragédie. »
Une accusation directe et sans concession
Dans ce document au ton frontal, le député accuse les chefs de guerre d’avoir transformé l’Ituri en un abîme moral, en commettant des massacres ciblés, des violations systématiques des droits humains, des destructions d’infrastructures et des profanations de lieux de culte.
«Ce que vous imposez à l’Ituri n’est pas une guerre, c’est un génocide rampant, un crime contre l’humanité », dénonce l’élu.
Il rejette tout prétexte politique, communautaire ou économique à ces violences, affirmant que rien ne justifie le meurtre de civils, en particulier des femmes, des enfants, des vieillards et des innocents sans défense.
Appel à la justice et à la repentance
La lettre, envoyée également à plusieurs autorités nationales et internationales, y compris la Cour pénale internationale (CPI), rappelle que les auteurs de ces crimes ne resteront pas impunis. Le député invoque tour à tour la Constitution congolaise, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Charte africaine et le Statut de Rome, pour souligner le caractère illégal et inhumain des exactions.
« Même si vous échappez à la justice des hommes, vous n’échapperez pas à celle de Dieu », écrit-il, citant la Bible et le Coran pour confronter les chefs de guerre à leur conscience.
Un appel vibrant à déposer les armes
Furaha Uma Daniel conclut sa lettre par un ultimatum moral, appelant les chefs rebelles à quitter la brousse, à demander pardon, à sauver ce qui peut encore l’être et à permettre à l’Ituri de revivre dans la paix.
«L’Ituri n’est pas à vous. Elle appartient à ses peuples, à la vie, à l’avenir », affirme-t-il, tout en prévenant : « Vous serez tenus responsables. Et cela jusqu’au dernier. »
Cette lettre, largement relayée dans les médias nationaux et internationaux, marque un tournant dans le discours politique face aux groupes armés en Ituri. Elle constitue un acte de vérité, de courage politique et de solidarité envers les populations meurtries, et pourrait renforcer la pression nationale et internationale pour mettre fin aux violences qui ont déjà coûté la vie à des milliers de civils.
Rédaction
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