Ituri : Principalement causés par l’insécurité, les troubles mentaux ont conduit plus de 1.000 personnes à consulter cette année
Cet article a été produit par une synergie de journalistes de Bunia et environs, capacités par le Comité International de la Croix Rouge, CICR sous délégation de Bunia. C’est à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale célébrée chaque 10 octobre.
Depuis 2017, la province de l’Ituri est en proie à un cycle des violences impliquant des groupes armés. Ces violences ont des conséquences multiples, dont un impact profond sur la santé mentale des habitants.
Le Centre Neuro-Psycho-Pathologique, CNPP de Bunia par exemple, contient à ce jour une septantaine de personnes souffrantes des troubles mentaux, dont la plupart sont des personnes déplacées de guerre. Depuis le début de l’année en cours, une centaine de malades mentaux a été enregistrée. Parmi les facteurs déclencheurs : le stress, les traumatismes liés à la guerre, la stigmatisation ainsi que la consommation des stupéfiants, sont les facteurs de risque les plus fréquents.
Au centre « Santé Mentale Lobiko » (SAMELO), plus au moins 918 cas ont été enregistrés du début de l’année jusqu’à ce jour. La proportion des personnes dont l’âge varie entre 15 et 35 ans vaut plus de la moitié du nombre global de tous les deux centres neuropsychologiques à Bunia.
Selon Augustin Kalume, médecin spécialiste en santé mentale et psychiatre venu de Kampala international university, actuellement consultant au CNPP, il existe plusieurs cas de troubles mentaux en ville de Bunia. Cependant, bon nombre de personnes ne mesurent pas la pertinence de se faire consulter dans les structures indiquées afin d’être prise en charge…
« Le trouble mental n’est pas de la sorcellerie, mais c’est le problème du cerveau. Nous recommandons à la population de se faire consulter et de ne pas laisser les malades à la maison jusqu’à ce que la situation s’empire. Tous, nous sommes exposés vu que nous avons des cerveaux », a lancé Augustin Kalume.
La circulation d’images violentes sur les réseaux sociaux, notamment des photos de personnes tuées ou décapitées, aggrave les traumatismes et nécessite une sensibilisation accrue, indique le docteur Nadège Musimege du CNPP.
L’Assistant Jean Claude Musole, enseignant à l’Université de Bunia, psychologue clinicien et spécialiste en psychologie de la santé et du comportement, a également évoqué les effets de la guerre sur la santé mentale.
Le stress post-traumatique est la principale conséquence de la guerre sur la santé mentale, selon Jean Claude Musole. Il indique que ce fléau touche l’ensemble de la population de la province de l’Ituri.
« La plus grande conséquence de la guerre sur la santé mentale c’est le cas de stress post-traumatique qui atteint tout le monde, toute la population iturienne est exposée à la dépression, la schizophrénie. Si vous allez dans des centres neuropsychiatriques, vous trouverez beaucoup de personnes souffrant des effets de la guerre », a-t-il déclaré.
Selon lui, le rôle du psychologue est crucial dans les zones de conflit.
« La présence des psychologues est indispensable auprès des personnes touchées par ce phénomène, dans les camps de déplacés, des familles d’accueil, partout où les enfants et les adultes souffrent de cette conséquence de la guerre ».
Outre les traumatismes liés aux affres de la guerre, il sied de noter qu’il existe à Bunia des cas des troubles mentaux génétiques et ceux provenant des maladies chroniques qui représentent une proportion aussi importante.
Papy Kilongo, Ituri.cd
Joel Well, Buniaactualite.cd
Denis Munguriek, Visibilitemediapro.cd
César Ndahora, Radio Fides Tujenge
Freddy Upar, actualite.cd