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Ituri : Le P-DDRCS confronté à un manque de ressources pour surmonter les défis du désarmement

Le Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS) rencontre des obstacles majeurs dans son déploiement en République Démocratique du Congo (RDC), particulièrement dans les zones frappées par les conflits armés. Flory Kitoko, coordonnateur ad intérim de ce programme, a souligné la nécessité de disposer de ressources financières et matérielles pour assurer son bon fonctionnement.

Lors d’un café de presse ténu à Bunia, Flory Kitoko a insisté sur l’importance d’avoir les moyens nécessaires pour mener à bien un programme aussi complexe que celui du désarmement. Il a précisé que la nouvelle stratégie mise en place vise à approcher directement les communautés, mais qu’une telle approche nécessite des fonds pour la logistique, tels que la location de véhicules, la couverture médiatique et la gestion de la sécurité. Selon Kitoko, des moyens adéquats permettraient de mobiliser toutes les parties prenantes, y compris les médias, les forces de sécurité et les populations locales.

Les menaces sécuritaires continuent de freiner le processus

Dans certaines régions, comme le territoire d’Irumu, des groupes armés, tels que la FRPI (Front de Résistance Patriotique de l’Ituri) et Chini ya Tuna, ont exprimé leur volonté de désarmer. Cependant, la persistance de groupes comme les ADF (Forces Démocratiques Alliées) dans ces zones reste un obstacle majeur. « Pourquoi rendraient-ils leurs armes au P-DDRCS alors que les ADF sont encore présents ? », interroge Kitoko. Il estime que l’insuffisance des effectifs militaires dans ces zones alimente les hésitations des combattants à se désarmer.

Le P-DDRCS intervient sur le volet civil, mais Flory Kitoko précise que ce programme ne remplace pas les actions militaires. « L’armée, avec les moyens et les troupes nécessaires, peut sécuriser les zones, permettant ainsi aux jeunes de rejoindre le programme », a-t-il souligné. Ce complémentarité entre les actions militaires et les initiatives de relèvement communautaire est essentielle, notamment dans des régions comme Blukwa en Ituri, où l’absence de sécurité empêche le retour des déplacés.

Un appel à la presse et aux autorités pour plus de sensibilisation

Flory Kitoko a également lancé un appel à la presse pour l’aider à promouvoir les messages de paix et à sensibiliser l’opinion publique.

« Les médias doivent nous soutenir en relayant nos messages et en exerçant des pressions sur les dirigeants », a-t-il déclaré. Il a également critiqué certains leaders locaux qui s’allient aux groupes armés, contribuant ainsi à l’instabilité. « Il faut leur demander d’arrêter cela », a-t-il insisté.

Un héritage de violences à réparer

« De 2017 à 2024, ce sont cinq années de violence. Que reste-t-il ? Nous avons tout détruit », a déploré Flory Kitoko. Aujourd’hui, il plaide pour un soutien accru des partenaires et pour des moyens financiers permettant de réparer les destructions et de lancer un véritable processus de paix. Il salue néanmoins les avancées, notamment le choix de 174 combattants de déposer les armes, et se demande pourquoi d’autres ne pourraient pas suivre cet exemple.

Pour Flory Kitoko, la résolution durable des conflits dépend d’un engagement collectif entre l’État, les partenaires internationaux, les communautés locales et les médias. Le P-DDRCS demeure un pilier pour la reconstruction de la paix en RDC, mais son succès repose sur des ressources suffisantes et la volonté politique de sécuriser les zones affectées.

Papy Kilongo, depuis Bunia

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