
Ituri : Kawa rangé contre Lubanga, Luboya joue-t-il au court-circuitage ?
C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre en Ituri, à la fois révélateur des clivages d’hier et des recompositions politiques d’aujourd’hui. Le chef coutumier Kawa Panga Mandro, figure influente de la chefferie de Bahema Banywagi dans le territoire de Djugu, vient, après son retour d’exil, d’officialiser sa prise de distance avec son ancien compagnon de lutte armée, Thomas Lubanga Dyilo, aujourd’hui président du parti politique union des patriotes congolais (UPC) et du mouvement politico-militaire convention pour la révolution populaire (CRP).
Ce revirement, aussi symbolique que stratégique, soulève plusieurs questions. Comment expliquer la rupture entre ces anciens seigneurs de guerre qui, à une époque, faisaient front commun dans les maquis de l’Ituri en proie à la guerre ? Et surtout, quel rôle joue désormais le gouverneur militaire de l’Ituri, johnny Luboya N’kashama dans cet échiquier complexe, lui aussi, ex-allié de ces deux hommes. Il fut un temps où Kawa, Lubanga et Luboya formaient un triumvirat redouté pour la paix de l’Ituri.
Kawa : l’homme de la stabilité ou du calcul ?
La posture de Kawa, aujourd’hui officiellement dans le camp du gouvernement, s’analyse autant comme un geste de fidélité que comme un coup politique. En prenant ses distances avec Lubanga, il se présente en homme de paix, défenseur de la stabilité et allié loyal de l’État congolais.
Mais attention : Kawa ne trahit pas, il clarifie ses engagements… L’homme n’est pas un joueur d’échecs ordinaire, c’est un funambule politique, oscillant entre loyauté et opportunisme, mais toujours avec grâce… ou presque.
Luboya N’kashama, le gouverneur qui fait semblant de ne pas jouer
Et pendant ce temps, Johnny Luboya joue au chef d’orchestre d’un orchestre désaccordé, dont il dirige les fausses notes avec une sérénité toute militaire. Court-circuitage ? Manipulation ? Stratégie de la tension ? Ou simple gestion chaotique dans un chaos déjà très bien organisé ? On ne sait plus très bien. Ce qui est certain, c’est que Luboya, en grand maître du flou artistique, semble faire de chaque tension un levier de pouvoir supplémentaire. Un jour il dialogue, un autre il temporise, et parfois, il regarde les autres s’écharper comme s’il avait perdu sa télécommande.
Toutefois, les échanges entre Kawa et Luboya tournent souvent au concours de qui a le casier judiciaire le plus décoré. “Tueur !” dit l’un. “Sanguinaire !” réplique l’autre. On attend encore qu’un d’eux brandisse un trophée pour services rendus à l’instabilité chronique.
Et la paix, dans tout ça ?
La paix ! Ce mot qu’on dégaine dans chaque discours mais qu’on laisse au vestiaire sitôt les caméras éteintes. Kawa joue au pacificateur, Lubanga au résistant incompris, Luboya au médiateur ambigu. Et l’Ituri, elle, continue d’être la scène d’un théâtre dont les spectateurs sont fatigués… mais obligés d’applaudir, car il n’y a pas d’entracte.
En Ituri, l’union fait la force… mais la division fait les postes. Le seul vrai gagnant, c’est celui qui saura rester debout quand la musique des alliances s’arrêtera. En attendant, sortez le pop-corn. L’acte suivant promet encore plus de rebondissements.
Rédaction
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