
Ituri : CRP en plein naufrage – les fondateurs se révoltent contre Thomas Lubanga
Rien ne va plus au sein du mouvement politico-militaire Convention pour la Révolution Populaire (C.R.P). Dans une déclaration publiée depuis Kampala ce samedi 18 octobre 2025, plusieurs cadres fondateurs ont annoncé leur rupture avec le président du mouvement, Thomas Lubanga Dyilo, qu’ils accusent de dérive autoritaire, d’opacité financière et de trahison des idéaux révolutionnaires.
Créée le 7 janvier 2025, la C.R.P. s’était donné pour mission de « mener une lutte de libération pour le peuple congolais et particulièrement pour l’Ituri meurtri ». Moins d’un an après sa création, le mouvement est aujourd’hui plongé dans une profonde crise interne.
Une gestion qualifiée d’autocratique
Dans leur déclaration, les signataires dénoncent une gestion autocratique de Thomas Lubanga, marquée selon eux par « l’absence de débat, la confiscation des tâches et des décisions unilatérales ». Ils accusent leur président de diriger le mouvement « selon son humeur », sans consultation des organes compétents ni respect du comité fondateur.
Des pratiques jugées contraires à l’esprit révolutionnaire
Les cadres fondateurs reprochent également à Thomas Lubanga un affairisme incompatible avec les valeurs de la C.R.P. Ils évoquent notamment la mise en place d’un système de péage sur la route nationale RN27, à Iga – Barrière, où chaque véhicule devait payer entre 50 et 100 dollars, une initiative menée « sans l’accord du comité directeur ». Selon eux, les fonds perçus n’auraient jamais été présentés ni justifiés devant le mouvement.
Des soupçons d’opacité et de favoritisme familial
Le document dénonce en outre une opacité totale dans la gestion financière. Thomas Lubanga aurait écarté le responsable des finances désigné dès la création du mouvement pour confier la caisse à « sa propre sœur », avec qui il partagerait le même domicile. Les signataires estiment que cette décision a fait échapper la gestion financière à tout contrôle collectif, compromettant la transparence du mouvement.
Un mouvement dévoyé de sa mission
Les fondateurs reprochent à leur président d’avoir transformé la C.R.P. en « tremplin pour sa promotion politique et financière personnelle ».
Selon eux, Lubanga se serait progressivement éloigné des objectifs initiaux de libération et de changement social pour poursuivre des ambitions individuelles. Ils dénoncent par ailleurs un clanisme prononcé dans la gouvernance interne, où seuls les proches du président participeraient aux décisions majeures.
Rupture officielle et appel à la base
Face à ces dérives, les cinq signataires, Bungamuzi Kakani Charles, Tungulu Batitako Vital, Angiyeko Birimumyo David, Wedjunga Ndara Baudouin et Drani Drileba J. Xavier ont annoncé leur désengagement total de la C.R.P. Ils affirment que l’image du mouvement est désormais « souillée » et qu’il s’est « écarté de ses objectifs fondamentaux ».
« Monsieur Lubanga s’en sert à des fins personnelles, tout en se moquant des victimes des atrocités de l’Ituri qui attendent une libération en urgence », dénoncent-ils dans leur déclaration.
Les signataires appellent enfin « les filles et fils de l’Ituri » à ne plus apporter leur soutien à la C.R.P. tant que celle-ci restera dirigée par Thomas Lubanga.
Un avenir incertain
Cette scission met en lumière les tensions latentes au sein de la C.R.P., un mouvement qui se voulait porteur d’un changement radical en République démocratique du Congo.
Alors que le groupe se présentait comme une alternative face aux injustices subies en Ituri, ces accusations fragilisent sa crédibilité et jettent le doute sur sa capacité à incarner une véritable force de libération.
Rédaction
Share this content:
Laisser un commentaire