
Irumu – Foi et réinsertion : Deux détenus de la prison de Gety reçoivent le baptême
Dans l’enceinte austère de la prison centrale de Gety, une scène inhabituelle s’est déroulée ce jeudi : deux détenus ont été baptisés lors d’une messe eucharistique présidée par la sœur Micheline de l’aumônerie diocésaine de Bunia. Un moment de spiritualité et d’humanité rare, dans un lieu souvent associé à la douleur et à l’isolement.
Cette célébration n’était pas un simple rituel religieux. Elle portait un message fort : la foi n’a pas de frontières, pas même les murs d’une prison. Accompagnée de plusieurs chrétiens venus de la communauté locale, sœur Micheline a salué la générosité des fidèles et insisté sur l’inclusion spirituelle des détenus dans la société.
«Nous ne considérons pas les prisonniers comme des gens écartés de la société. Ils reçoivent le même esprit que nous tous. Leur conversion est aussi notre mission», a-t-elle déclaré avec émotion.
Un acte de foi, un levier de transformation
Pour Noé Tchala, directeur de la maison carcérale de Gety, ces activités pastorales apportent un changement visible chez les détenus. Il voit dans la présence régulière de l’Église une contribution précieuse à la réinsertion morale et spirituelle des pensionnaires.
«Depuis que les prêtres et aumôniers viennent ici, nous observons une transformation dans le comportement des détenus. Nous encourageons chacun à mettre en pratique ces enseignements bibliques», a-t-il souligné.
Ces cérémonies religieuses en milieu carcéral sont appuyées par l’État congolais, qui reconnaît le rôle des confessions religieuses dans l’accompagnement moral et psychologique des détenus.
Une démarche qui dépasse la religion
Au-delà de l’aspect spirituel, la conversion des détenus peut être lue comme un geste d’espérance, une tentative de réintégration sociale dans un système pénitentiaire souvent délaissé, où les conditions de détention sont difficiles, et les perspectives de réhabilitation, rares.
Dans un contexte comme celui d’Irumu, en proie à des crises sécuritaires et sociales, ce type d’initiatives donne un autre visage à la prison : non plus uniquement un lieu de punition, mais un espace où peut renaître l’humanité.
Le 11 juillet prochain, ces deux nouveaux baptisés recevront, aux côtés de deux autres détenus convertis l’an dernier, le sacrement de la confirmation à la paroisse Sainte Famille de Gety. Ce sera un autre moment fort dans un parcours de foi entamé derrière les barreaux.
Une spatialité qui redonne un nom, une dignité
Ce genre d’initiative peut paraître symbolique. Pourtant, dans un système carcéral où l’homme est souvent réduit à un numéro, un dossier ou une faute, recevoir un sacrement devient un acte de réhumanisation. La foi, dans ce contexte, redonne un nom, une histoire, une dignité.
Les autorités pénitentiaires gagneraient à renforcer ce type de partenariat avec les confessions religieuses, non pour convertir à tout prix, mais pour proposer un accompagnement qui apaise, qui transforme, et qui prépare un retour plus apaisé dans la communauté.
Saint Olivier Eloim, depuis Gety/Irumu
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