×

Insécurité en Ituri : l’appel pressant d’un député au Président de la République

Face à la montée alarmante de l’insécurité dans la province de l’Ituri, le député national élu du territoire de Mahagi tire la sonnette d’alarme. Dans une lettre poignante adressée au Président de la République, ce parlementaire dénonce la situation dramatique que vivent les populations civiles depuis la résurgence des violences armées, notamment depuis le 17 juillet 2025.

La province est, une fois de plus, plongée dans un cycle de violences d’une rare intensité. Les affrontements se multiplient entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et une mosaïque de groupes armés : la Convention pour la Révolution Populaire (CRP) de Thomas Lubanga, les milices CODECO, FPIC, ZAÏRE, MAPI, CHAMUKULA BATU, CHINI YA TUNA et FRPI, semant chaos et désolation dans les territoires de Djugu et d’Irumu.

Des forces de défense isolées et désorganisées

Selon le député, malgré leur bravoure, les FARDC mènent seules la lutte contre la CRP, dans un isolement tactique préoccupant. L’armée ougandaise (UPDF), censée être un partenaire dans cette lutte, concentre ses efforts sur d’autres milices comme CODECO, sans réelle coordination avec les FARDC. Une méfiance croissante entre les deux armées s’installe, réduisant à néant l’efficacité des opérations conjointes et fragilisant la sécurité de la région.

Pire encore, certaines milices dénoncent les méthodes de l’UPDF, laissant craindre un embrasement plus large. Le député déplore également que les FARDC soient accusées de mener des opérations ciblées contre certains groupes (ADF, CRP), laissant d’autres milices continuer leurs exactions dans une impunité quasi totale.

Un appel solennel au Chef de l’État

Appelant à la responsabilité constitutionnelle du Chef de l’État, le parlementaire invoque plusieurs articles de la Constitution, notamment les articles 63, 69, 86 et 187, pour exiger une réponse forte, structurée et urgente.

Dans sa lettre, il appelle le Président de la République à agir en sa qualité de garant de l’unité nationale et de Commandant suprême des FARDC, pour « sauver ce qui peut encore l’être » et mettre un terme à la tragédie qui endeuille quotidiennement la population iturienne.

Des recommandations concrètes pour restaurer la paix

Ne se limitant pas à l’alerte, le député propose un plan d’action en neuf points, parmi lesquels :

  • La restructuration du dispositif militaire en Ituri ;
  • Une redéfinition des opérations conjointes FARDC-UPDF, visant toutes les milices sans distinction ;
  • Le cantonnement effectif des groupes armés signataires du processus de paix ;
  • Le déploiement de nouvelles unités militaires, avec permutation des troupes existantes ;
  • La création d’un Centre de commandement opérationnel conjoint à Bunia ;
  • Le renforcement de la coopération logistique avec la MONUSCO ;
  • L’établissement de couloirs humanitaires protégés ;
  • La mise en place d’une commission d’enquête nationale et provinciale sur les crimes récents.

« Ce n’est plus seulement le devoir d’un Chef de l’État, mais l’exigence morale de l’Histoire », conclut le député, qui invite le Président à entendre le cri de détresse d’un peuple abandonné, à réagir face aux massacres répétés, et à faire prévaloir la justice, la sécurité et la dignité humaine.

Alors que l’Ituri continue de s’enfoncer dans une spirale meurtrière, cette voix portée depuis Mahagi pourrait bien résonner comme un appel à la conscience nationale. La balle est désormais dans le camp du gouvernement.

Papy kilongo depuis Bunia

Share this content:

Laisser un commentaire