
Controverse autour de la réintégration scolaire des filles enceintes : l’ONG PEDI dénonce une mesure contre-productive
La récente note circulaire émise par la ministre de l’Éducation nationale et de la Nouvelle citoyenneté, autorisant les élèves filles enceintes à poursuivre leur scolarité sans interruption, continue de susciter une vive controverse à travers le pays. Ce dimanche 19 juillet, l’ONG Programme d’éducation et de développement intégral (PEDI) s’est publiquement opposée à cette mesure, estimant qu’elle pourrait favoriser les violences sexuelles à l’encontre des mineures.
Dans une déclaration à la presse, Masudi Mutege, coordonnateur provincial de cette organisation en Ituri, a exprimé ses profondes inquiétudes quant aux implications sociales et juridiques d’une telle décision :
«Nous sommes contre cette note circulaire. La loi congolaise exige la protection des jeunes filles de moins de 18 ans contre les violences sexuelles. Permettre à des mineures enceintes de poursuivre les cours, c’est ignorer cette obligation et banaliser les abus dont elles sont victimes. »
L’ONG PEDI estime que cette mesure risque non seulement de normaliser les grossesses précoces en milieu scolaire, mais aussi de compromettre les efforts de moralisation et de discipline dans le système éducatif congolais.
Depuis sa publication, la note ministérielle divise. Si certains y voient un pas vers l’inclusivité et la justice sociale, en garantissant le droit à l’éducation pour toutes, d’autres, notamment plusieurs acteurs religieux et éducatifs, s’y opposent fermement. L’Église, dans un communiqué rendu public en début de semaine, a notamment réaffirmé son attachement aux critères de bonne moralité dans ses établissements scolaires, déclarant qu’elle n’appliquera pas cette directive dans ses écoles.
Malgré ces critiques, la ministre de l’Éducation reste ferme sur sa position. Son ministère argue que l’objectif est de garantir un accès équitable à l’éducation pour toutes les filles, y compris celles confrontées à des situations de vulnérabilité, conformément aux engagements internationaux de la RDC en matière de droits de l’enfant et d’éducation.
Le débat reste donc ouvert, à l’intersection des principes de protection des mineures, de droit à l’éducation et de préservation des valeurs sociales.
Rachidi Kudra, depuis Bunia
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