Chaque 5 octobre, le monde célèbre la Journée Mondiale des enseignants. En République Démocratique du Congo (RDC), cette date résonne avec une intensité particulière. Dans un pays aux multiples défis, l’enseignant congolais est plus qu’un simple transmetteur de savoir : il est un pilier de la société, un artisan de l’avenir, souvent héroïque dans l’ombre.

Un métier de passion, souvent de dévotion

Ils sont des milliers à se lever avant l’aube, à marcher plusieurs kilomètres pour rejoindre une école à peine équipée, parfois sans tableau ni craie. Dans des salles de classe surpeuplées, souvent sans électricité, ils enseignent avec foi et patience, au prix de sacrifices personnels immenses.

« Enseigner en RDC, c’est croire au changement quand tout semble immobile », sous anonymat confie une institutrice depuis 10 ans en ville de Bunia dans la province de l’lturi.

Son salaire ne dépasse pas 80 dollars par mois, mais elle continue. « Parce que ces enfants méritent de rêver plus loin que leur village», révèle-t-elle.

Les oubliés du développement

Malgré leur rôle crucial dans la formation des générations futures, les enseignants congolais sont souvent les grands oubliés des politiques publiques. Retards de paiement, précarité chronique, manque de formation continue… les obstacles sont nombreux, mais n’altèrent pas leur engagement.

Le professeur Suleiman, enseignant de Géographie à Beni au Nord-Kivu, rappelle que « sans une éducation de qualité, il n’y a pas de développement durable. Il faut cesser de voir l’éducation comme une charge, mais comme une solution», conseille l’enseignant Suleiman.

Une force de résilience et de transformation

Dans les coins les plus reculés du pays, des enseignants improvisent des tableaux avec du charbon, recyclent des cahiers usagés, et utilisent la radio pour diffuser des cours. En temps de crise qu’elle qu’en soit politique, sanitaire ou sécuritaire, ils restent debout, parfois au péril de leur vie.

En Ituri ou au Nord-Kivu, certains enseignent dans des zones de conflit, font de l’éducation un acte de résistance pacifique. Leur résilience inspire et redonne espoir à des communautés entières.

Le rôle du numérique et de la jeunesse

Une nouvelle génération d’enseignants congolais commence à émerger, portée par les outils numériques et les réseaux sociaux. À Kinshasa, Goma ou Bukavu, des jeunes professeurs partagent leurs cours en ligne, organisent des webinaires, et militent pour une éducation plus inclusive.

«On ne peut pas rester dans le passé. Nos élèves vivent dans un monde digital. Il faut qu’on les y prépare », explique Ir Ramazani Raul, licencié en Informatique à Kinshasa.

Un appel à l’action

En cette Journée mondiale des enseignants, il est temps de reconnaître la valeur de ceux qui éduquent, forment, éveillent, dans un silence souvent ignoré. Il est temps de leur donner les moyens de réussir leur mission.

Hommage à tous les enseignants congolais : pour leur courage, leur patience, leur foi en la jeunesse, et leur rôle irremplaçable dans la construction de la RDC de demain.

Zacharie Asimoni depuis Bunia