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Ituri : Les prêtres de Bunia dénoncent la complicité entre l’État de siège, la CODECO et les FARDC

Dans une déclaration rendue publique ce mercredi 20 août 2025, les prêtres séculiers du diocèse de Bunia tirent la sonnette d’alarme face à la recrudescence de la violence en Ituri. Constatant une insécurité grandissante, ils accusent ouvertement l’État de siège et l’armée congolaise (FARDC) de complicité avec les milices locales, tout en exigeant la levée immédiate de ce régime sécuritaire jugé inefficace.

Un tableau dramatique de la situation sécuritaire

Selon les prêtres, la province vit une « descente aux enfers » depuis juillet 2025. Ils évoquent plusieurs attaques sanglantes :

  • À Lopa, la paroisse Saint Jean de Capistran a été profanée et pillée par des miliciens URDPC/CODECO, avec des civils tués, des maisons incendiées et des violences infligées aux femmes et aux enfants.
  • À Komanda, dans la nuit du 26 au 27 juillet, une attaque attribuée aux ADF a coûté la vie à plus de 40 fidèles, tandis que plus de 40 jeunes ont été enlevés et restent introuvables.
  • À Bunia, même la Propédeutique Saint Kizito a été la cible d’hommes armés qui ont profané le tabernacle et menacé des prêtres.

La crise, affirment-ils, s’étend dans plusieurs zones (Nizi, Iga Barrière, Tchomia, Boga…), provoquant d’importants déplacements de populations.

Accusations graves contre les FARDC et l’État de siège

Les prêtres accusent certains éléments des forces de sécurité de commettre les mêmes exactions que les groupes armés : tueries, pillages, arrestations arbitraires, érection de barrières illégales. Ils dénoncent également la « banalisation » de la situation par les autorités militaires qui justifient ces violences par des « représailles » ou en accusant la jeunesse locale.

« L’État de siège, instauré depuis quatre ans, a échoué. Non seulement il n’a pas neutralisé les groupes armés, mais il a contribué à leur multiplication », écrivent-ils, parlant d’une « complicité criminelle » entre l’armée et la CODECO.

La MONUSCO pointée du doigt

La Mission des Nations Unies n’échappe pas aux critiques. Présente en Ituri depuis 25 ans, elle est accusée par les prêtres d’inaction lors des massacres, voire d’approvisionner certains groupes armés.

« Elle est spectatrice au moment des attaques et n’intervient qu’après coup », regrettent-ils, appelant à son départ immédiat de la province.

Recommandations fermes

Dans leur déclaration, les prêtres de Bunia formulent plusieurs recommandations :

  • Au gouvernement central : lever l’état de siège et œuvrer à l’unité des Ituriens.
  • Aux FARDC : rompre toute alliance avec les groupes armés et cesser les exactions contre la population et l’Église.
  • À la MONUSCO : quitter l’Ituri pour « son incapacité manifeste ».
  • Aux groupes armés : déposer les armes sans condition et s’engager dans un dialogue pour une paix durable.

Ils exigent également le remplacement du porte-parole militaire en Ituri, jugé irrespectueux envers l’évêque de Bunia et accusé d’attiser les divisions.

Un appel à la conscience nationale et internationale

« L’arbitraire et la cruauté ont atteint un niveau inquiétant », préviennent les prêtres, qui appellent la communauté internationale à ne pas rester passive face à ce qu’ils qualifient de « tragédie humaine ».

Enfin, ils exhortent les fidèles catholiques et les hommes de bonne volonté à persévérer dans la prière pour la paix en Ituri et en République démocratique du Congo.

Du côté FARDC, toutes les accusations portées contre elles, sont rejetés.

Rédaction

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